Howdy!
Back at the beginning of February I received a transcript of the French part of the public discussion I had with Marc Mayer back in November, I was initially waiting to get a complete transcript of the English part as well, and then reposting everything. But the best laid plans got waylaid by other things, so I'm posting the French transcripts here, without waiting.
I'd like to thank Christiane Jobin at CALQ and the person who did the transcript who wishes to remain anonymous.
If you'd like to read the question period, click here.
If you'd like to listen along, click here to hear it, stream it, ogg vorbis [49:41 minutes, 47.7M]
Le 2e volet d’un FACE OFF
Musée d’art contemporain 2 novembre 2005
Entretien entre Chris Hand, Marc Mayer et le public
Chris Hand: Ma première question: votre vision et vos idées sur le Musée. En référence à l’article dans Vie des arts …M. Marcel Brisebois a dit, peu de temps avant de prendre sa retraite, que le Musée était un endroit pour le savoir, la réflexion et la contemplation. Qu’est-ce que vous pensez que le musée devrait être?
Marc Mayer: Je crois que c’est toutes ces choses là. En plus c’est un lieu de plaisir aussi. Moi je suis devenu amateur d’art par le pur plaisir…Est-ce que tout le monde nous entend bien en parlant de plaisir est-ce que ça vous plait de nous entendre? Mais l’art est tellement vaste et tellement énorme que c’est difficile de réduire ça dans une petite formule. Les gens viennent pour différentes raisons. On veut surtout servir les gens qui sont amateurs d’art ou qui risquent de d’être amateurs d’art qui se sentent confortables au musée et qui ont envie de retourner souvent.
Chris Hand: Parce que pour moi un lieu de réflexion et de contemplation c’est comme une église et donc est un endroit où il a l’autorité…
Marc Mayer: Non je ne suis pas d’accord avec ça. Moi j’étais à la National Gallery of art à Wasington j’étais devant un tableau et j’essayais de concentrer et les gardiens se parlaient de la partie de football qu’ils avaient vus à la télévision, un qui était dans un bout de la salle et l’autre par là-bas et se criaient comme ça et on était plusieurs dans la galerie. À un moment donné je leur ai dit: » écoutez j’essaie de concentrer je viens voir les tableaux pas pour vous entendre parler ». Deux minutes plus tard je vois leur patron avec un fusil, imagine-toi, la main sur le fusil: « est-ce qu’il y a un problème monsieur? » Il s’adonne que moi j’étais là justement pour déjeuner avec le conservateur en art contemporain et je lui ai dit « Voudrais-tu bien écrire une lettre au directeur, faire une plainte parce que nous on en parle de ce problème là depuis toujours, les gardiens qui ne respectent pas le silence c’est-à-dire qu’ils se pensent chez eux et qui ne comprennent pas pourquoi les gens sont là. Alors moi j’y tiens à l’idée de réflexion/contemplation non ce n’est pas une église mais quand même il faut donner un espace aux gens il faut donner la chance aux gens d’apprécier les œuvres et de pas être obligés d’entendre quelqu’un jaser (?) Il y a des conférences guidées des fois on n’aime pas trop ça, on change de galerie mais quand les gardiens respectent pas… ce n’est pas notre problème ici mais c’était le problème là-bas . Alors non je ne suis pas d’accord avec toi sur ça il faut respecter l’expérience de chacun.
Chris Hand: …. l’expérience du Musée comme Musée c’est une chose où tu fermes la porte pour plusieurs personnes….parce qu’ils se disent « ça va casser ma tête ».
Et il y a des plusieurs personnes qui ont des idées différentes de comment trouver le plaisir des œuvres. Et pour moi, comme ce soir trouver une autre méthode pour ouvrir les portes du musée à des gens qui ne sont pas habitués de venir au musée d’après moi c’est une bonne chose mais l’idée de contemplation comme le musée a été comme l’idée du musée est, ça c’est une autre vision encore(?)
Marc Mayer: oui moi j’ai toujours dit qu’il ne faut pas perdre son public actuel pour pouvoir trouver un public virtuel alors il faut respecter les conditions idéales le plus possible sans empêcher de faire un nouveau public, d’attirer les gens, je ne vois pas vraiment ce que tu dis là
Chris Hand: Tu es allée au Brooklyn museum et tu as vu les First Saturdays et dans ce cas le musée ouvre ses portes à un grand public the great unwashed (?) et dans ce cas c’est possible de parler dans des salles, dans des expositions et ça pour moi c’est une très bonne idée ce n’est pas nécessaire d’avoir ça tout le temps mais une fois par mois….
Marc Mayer: oui je suis d’accord avec ça on aimerait tenter quelque chose... on a quand même tous les mercredis soirs comme celui-ci, où on est très achalandé le mercredi soir les gens viennent le mercredi soir comme ce soir parce que c’est gratuit, l’entrée est gratuite mais le First Saturdays à Brooklyn il y a des concerts, il y a des films, il y a des présentations, on danse on se sert vraiment du Musée comme un lieu public, un agora pour tout le monde et on peut imaginer voir 10 000 personnes dans une seule journée dans le musée quelque chose qu’on a déjà vu ça ici je dois dire la Nuit blanche pendant Montréal en lumière on fait ça une fois par année mais à Brooklyn on fait ça 10 fois par année c’est-à-dire une fois par mois normalement et si vous connaissez Brooklyn c’est bariolé incroyablement, c’est merveilleux de voir une diversité d’ethnies, des jeunes qui viennent de Manhattan parce que ça coûte trois fois rien pour s’amuser, c’est extraordinaire, c’est complètement différent mais c’est un musée énorme aussi c’est vaste le musée, il y a de la place pour 10 000 personnes mais je ne veux pas dire que c’est pas une chose qu’on ferait ici là, on l’a déjà fait et on aimerait le faire, on en a parlé, est-ce qu’on devrait avoir un 5 à 7 tous les vendredis soirs ici ?
Chris Hand: oui, oui
Marc Mayer: par exemple au rez-de-chaussée
Chris Hand: oui
Marc Mayer: on en a parlé
Chris Hand . c’est une bonne idée pour essayer, pour voir qu’est-ce qui se passe.. alors un 5 à 7 tu peux avoir des conversations avec des gens qui viennent seulement pour ça ou avec des gens qui sont habitués au musée qui viennent ...non ça ne me tente pas, je déteste, mais d’avoir une conversation privée avec des gens spécifiques parce que c’est leur musée ça c’est une chose que j’adore chez moi et je parle à chaque personne qui vient pour voir l’exposition que j’ai, d’avoir un 5 à 7 pendant 2 mois, pendant un temps limité et tu peux avoir beaucoup beaucoup de feedback.
Marc Mayer: Oui mais je ne sais pas vraiment ce que tu me dis là, est-ce que tu penses que je devrais être dans les galeries en train d’interpeller les gens?
Chris Hand: non, non, mais si tu veux
Marc Mayer: c’est ce que je fais de temps en temps mais je ne veux pas les déranger
Chris Hand: non mais on peut avoir un 5 à 7 régulier, une fois par mois juste pour ouvrir le musée à des gens qui ne sont pas habitués à venir parce qu’ils pensent que c’est comme une église.
Marc Mayer: bon on peut vous poser la question: « si nous on faisait un 5 à 7 au Musée d’art contemporain est-ce que ça devrait être un vendredi soir? un jeudi soir? une fois par semaine? une fois par mois? est-ce que ça serait quelque chose qui risquerait de vous attirer vous? Oui? Ça nous fait un événement de plus de semaine.
Chris Hand: bon je pense qu’on a terminé ça, on a parlé sur ça le plus qu’on peut. Pour mon information, quel est le first show that you greenlighted here?
Marc Mayer: (soupir) Bon e… Greenlighted ça veut dire la première proposition d’exposition où j’ai dit oui oui absolument, une nouvelle exposition qui n’était pas déjà à l’horaire, c’est-à-dire qui n’a pas été choisie ou entérinée par mon prédécesseur… Paulette est-ce que tu es là? Est-ce que c’est peut-être…ce n’était pas Bruce Naumen? Oui je pense que c’était Bruce Naumen oui ça se peut…c’est 3 expositions de Bruce N en même temps pour 2007. Bon voilà il n’y a plus de surprise on va exposer B N en 2007!
Chris Hand: est-ce que tu peux expliquer le processus qu’il a passé pour avoir 3 expositions de BN?
Marc Mayer: Bien c’est-à-dire que…nous sommes plusieurs amateurs de BN ici au Musée et on savait qu’il y avait cette exposition., les musées s’envoient des propositions d’expositions un peu partout, nous on a reçu ça et on connaissait d’autres œuvres et on avait pensé qu’on pourrait peut-être bonifier ça avec d’autres événements au Musée et on a réfléchi à ça et finalement on a décidé …..et on l’a proposé à, ce qui existait à l’époque, c’était notre comité de programmation, chose qui n’existe plus maintenant, on est passé à un autre format à une autre façon d’avoir l’approbation pour notre programme du Conseil d’administration et eux aussi ils étaient très très enthousiastes pour cette exposition c’est un peu le processus là nous c’est un peu comme ça dans la plupart des Musées, c’est l’équipe professionnelle, c’est les professionnels qui propose une programmation on a toujours en tête une diversi….c’est quoi le mot? on veut que ça soit très divers oui justement, qu’il y ait des œuvres, des expositions qui vont plaire à un plus grand public possible mais un vrai public d’art contemporain là, on ne ferait pas…bon je ne veux pas dire qu’on ne le ferait jamais mais moi de toute façon ça ne m’intéresserait pas de faire des expositions de motocyclettes genre, on va rester dans le domaine de l’art contemporain, mais c’est comme ça que ça fonctionne…
Chris Hand: pas de problème avec ça. Alors Paulette ou quelqu’un comme elle qui a….
Marc Mayer: un conservateur qui a une idée pour une exposition en parle à la conservatrice en chef qui a c’est pas mal, on va en parler au Directeur et on en parle, on voit si c’est possible ou pas et nous on reçoit des propositions d’expositions de d’autres musées de ceux qu’on…pour des plages qu’on a pas déjà bloquées avec nos propres expositions et avec toujours en tête une diversité d’expériences
Chris Hand: et après que tu as dit oui c’est une bonne idée à suivre, après que t’as dit oui. Il faut aller….
Marc Mayer: On dit jamais oui tout de suite, il faut savoir si on a l’argent il faut vraiment…il faut se donner le temps de voir s’il n’y a pas d’autre chose d’intéressant qui pourrait être plus intéressant, une exposition block buster qui va nous coûter trois fois rien qui du jour au lendemain arrive comme ça et la seule place qu’on peut la mettre c’est dans cette plage là alors c’est jamais évident, on dit jamais oui…on dit non des fois quand c’est clair, « non ça on ne le fera jamais c’est pas possible », mais vraiment on veut garder…par exemple on veut des expositions de la relève, on veut des artistes dont on a entendu parler ici à Montréal qu’on connaît pas sur la scène internationale on a des artistes avec des carrières déjà bien entamées qu’on connaît très bien et c’est le temps de les exposer c’est le bon moment là, des rétrospectives qu’il faut faire, justement je ne crois pas qu’on l’ait annoncé mais on va organiser une rétrospective de Claude Tousignant pour 2008, d’ailleurs moi je vais travailler là-dessus personnellement aussi parce que c’est un artiste que j’admire depuis mon enfance d’ailleurs, des choses comme ça
Chris Hand: et après ça, ça va au Conseil d’administration, pour le comité….
Marc Mayer: On présente annuellement…maintenant la nouvelle procédure la nouvelle procédure c’est de parler des nouvelles expositions qu’on va faire l’année prochaine au Conseil d’administration, normalement c’est comme 2 ans à l’avance on est rendu...on est en train de parler de 2008 actuellement et c’est pour leur approbation générale et typiquement dans les autres musées où j’ai travaillé, normalement il n’y a pas vraiment de problème
Chris Hand: ok est-ce qu’il y a d’autres méthodes ou c’est possible pour quelques uns sur le CA de faire une suggestion d’une exposition qu’ils connaissent
Marc Mayer: oui temps en temps ils le font si c’est intéressant c’est une chose qu’on peut considérer ou si c’est pas intéressant on explique pourquoi oui c’est clair mais c’est nous qui assumons la responsabilité de rédiger le programme et c’est normal
Chris Hand: et quand c’est un artiste local, quelle sont les différences… de voir s’il y a une possibilité qu’il vienne ici, quand un conservateur dit « c’est un artiste qui me frappe »…
Marc Mayer: Nous on préfère…si c’est un artiste d’ici on préfère faire l’exposition nous-mêmes alors si quelqu’un va faire …bon si Vancouver nous proposait de prendre leur rétrospective de Claude Tousignant ça nous intéresserait pas trop trop c’est un peu gênant
Chris Hand: non ce n’est pas ma question
Marc Mayer: pardon
Chris Hand: alors pour moi il y a 2 volets, il y a des expositions qui ont été suggérées des autres musées, ça je comprends mais des artistes d’ici dont vous faites vous-mêmes les expositions est-ce qu’il y a des différences entre les méthodes qui sont acceptées ou est-ce que c’est encore ok c’est un conservateur qui dit « oh ça c’est un artiste…je capote » et dans ce cas c’est la même méthode, il te parle et après ça vous discutez et après ça vous allez au Conseil d’administration et combien ça va coûter est-ce que c’est la même méthode où est-ce qu’il y a des différences ?
Marc Mayer: e….bon d’abord nos conservateurs capotent pas trop souvent là… juste pour la petite histoire….
Chris Hand: …?? all the time
Marc Mayer: j’ai pas vraiment compris. On reçoit des propositions d’expositions de d’autres musées, on reçoit des propositions d’expositions d’artistes constamment aussi, des fois on est d’accord que c’est une bonne idée très souvent…typiquement c’est nous qui sommes…bon c’est le temps d’aller approcher cet artiste là ou de parler à la galeriste d’abord de dire ça nous intéresserait de faire une exposition personnelle de cet artiste-là on croit que c’est le bon moment et c’est les œuvres des 5 dernières années ou c’est toute une rétrospective ou voilà et il faut trouver l’argent pour le catalogue parce qu’on veut faire ça comme il faut et tout, on reçoit constamment des dossiers d’artistes et des propositions d’artistes, je rencontre des artistes qui veulent me voir et tout ça c’est important de faire ça parce que moi j’arrive ça fait un an que je suis là alors ça me permet de connaître ces artistes là de connaître leur travail et de parler un peu des idées qu’ils ont mais on a nos propres idées sur ce qu’on veut faire jusqu’à la St-glin glin et puis normalement on sait où on s’en va en général et on n’aime pas ça se répéter, il y a ça aussi, alors c’est comme ça, c’est un peu instinctuel
Chris Hand: ok sauf que c’est plusieurs personnes pour moi c’est n’est pas instinctuel c’est plus une pensée de groupe
Marc Mayer: …..je dirais oui et je dirais non il faut dire que…. par exemple la question que tu m’avais posée la dernière fois « est-ce que c’est moi qui organisais tout le programme et que je disais bon toi tu vas faire telle toi tu vas faire cette expo là non ça ça fonctionne pas comme ça et d’ailleurs de temps en temps on peut dire écoutez on a une proposition d’exposition qui nous nous paraît assez intéressante pour Montréal, est-ce que toi conservateur X ça t’intéresserait « ben oui ben oui j’adore ça c’est une très bonne idée oui absolument je veux travailler là-dessus » ou « non pas vraiment c’est pas mon genre j’ai rien à dire j’ai rien à ajouter à ça » on peut voir s’il y a un autre conservateur mais si on peut pas trouver quelqu’un qui veut le faire ben là on se dit ben quand même s’il n’y a personne à l’interne qui s’intéresse à ça autant que moi ou autant que Paulette ou autant que l’autre conservateur avec qui j’ai eu cette idée qui peut pas le faire ben on laisse tomber c’est pas la peine de forcer…on donne pas la tâche au conservateur « tiens tu vas faire ça pi tais-toi » non ça se passe pas comme ça parce qu’on veut que ça soit fait de façon correcte on veut vraiment que le conservateur soit passionné qu’il ait quelque chose à dire qu’il ait(?) ajouté justement à ce travail
Chris Hand: OK alors on parle des choses qui se passent ici au Musée pour les expositions c’est un côté, les acquisitions sont un autre côté.
Marc Mayer: oui
Chris Hand: Je pense que la plupart de vos acquisitions sont des dons
Marc Mayer: oui là c’est pas mal triste là c’est moins gai là cette partie là
Chris Hand: est-ce que pour accepter un don ou pour décider qu’il faut acheter quelque chose….
Marc Mayer: ben acheter quelque chose c’est autre chose ça nous arrive rarement parce que c’est seulement à la fin de l’année fiscale et si tout le monde a travaillé comme du monde il nous reste des poussières à la fin de l’année fiscale et là on peut agir. Mais pour les dons non on veut s’assurer que non c’est pas la peine de dire oui toujours pour des œuvres « bon j’ai fait ça en 56 et maintenant j’en ai 4 autres de 57 que tu pourrais » non c’est pas quand même l’arche de Noé là.
Il y a des carrières très importantes à Montréal… on veut absolument pouvoir dire… nous si on voulait monter une exposition de cet artiste, on a tout ce qui faut dans notre collection. Ça c’est bien. Mais on n’accepte pas des choses qu’on ne pourrait pas montrer, par exemple. Un moment donné les réserves sont pleines, nos réserves sont pleines. Avant que j’arrive ici, on s’est amusé à acquérir des installations qui prennent beaucoup beaucoup de place, parce qu’on avait beaucoup de place. Chose géniale c’est qu’on est maintenant un des rares musées avec une collection extraordinaire en installations mais ça prend beaucoup de place. Alors non, il faut s’assurer que quand on dit oui c’est pour des choses qu’on veut montrer là ou c’est pour des choses qui ont une valeur patrimoniale très importante même si on ne peut pas les montrer demain ou même dans cinq ans. C’est quand même quelque chose qui faut protéger, que ça vaut la peine de dire oui.
Chris Hand: Est-ce qu’il y a une différence quand le don est fait par l’artiste ou par un collectionneur?
Marc Mayer: Non
Chris Hand: Ok, parce que vous avez dit…
Marc Mayer: Je ne le sais pas. Dans quel sens tu veux dire est-ce qu’il y a une différence?
Chris Hand: De ce que vous venez juste de dire, moi j’ai réalisé que la plupart des dons sont faits par les artistes eux-mêmes, et on a déjà parlé que c’est une honte…
Marc Mayer: Oui c’est ça qui m’attriste moi personnellement. Je crois que ça serait beaucoup plus intéressant pour le musée, pour la communauté montréalaise et surtout pour les artistes si nous on était un acteur important sur le marché, on pourrait dire donne-moi-les pas, je te l’achète ça serait bien plus intéressant mais on n’a pas les moyens pour le moment.
Chris Hand: Mais ça, je ne comprends pas parce que tu acceptes des dons, tu donnes un reçu de taxes et tout le monde est heureux.
Marc Mayer: Oui mais c’est plus intéressant pour nous de pouvoir dire bon quand on entre dans la Galerie on dit ah! la nouvelle exposition de l’artiste X (on a nommé trop d’artistes l’autre fois, je n’ai pas aimé ça).
Chris Hand: OK
Marc Mayer: Cette fois-ci on va rester très…
Chris Hand: OK
Marc Mayer: Bon, le galeriste dit au collectionneur qui vient le samedi matin, bon il ne reste pas tant de choses que ça malheureusement, bon comme je t’ai dis faillait venir vendredi là parce que le Musée des Beaux-Arts a pris celui-là, le Musée d’art contemporain a pris celui-là, Toronto est venu pis bon il reste 2 œuvres, il faudrait choisir de ces deux-là.. Ben ça, ça fait trembler les collectionneurs parce qu’ils se disent ben mon dieu seigneur c’est tous des musées qui ont acheté ça. Ben si les musées avaient les moyens de le faire ça serait très intéressant et ça pourrait un peu ranimer notre marché qui, à mon avis, est assez faible merci et qui devrait être beaucoup plus fort là. Je crois que les Canadiens doivent participer d’une façon directe et active dans leur culture.
Chris Hand: Mais alors t’a manqué ma question probablement parce que je suis «bloke»
Marc Mayer: Pardon. C’est peut-être pas ça. Tu peux me la poser en anglais comme l’autre fois.
Chris Hand: Non. Je vais essayer une dernière fois en français. Si un collectionneur vous donne une œuvre, c’est pas l’artiste qui vous la donne mais c’est le collectionneur qui vous la donne. Pour moi, c’est une méthode pour monter…(?) Si le musée accepte des choses et c’est pour voir s’il y a une différence quand un artiste donne une œuvre au musée et quand c’est le collectionneur qui donne une œuvre au musée.
Marc Mayer: Mais de quelle différence me parles-tu, une différence éthique, une différence fiscale, de quelle différence? Du moment qu’on reçoit des œuvres importantes pour notre collection, qu’on puisse dire qu’on a la collection publique la plus importante d’art contemporain au Canada, moi je suis heureux là. Je suis malheureux qu’on ne puisse pas dépenser plus d’argent pour acheter des œuvres pour pouvoir faire vivre les artistes un peu plus. Ça, ça me dérange. Mais du moment que les gens nous proposent des œuvres importantes, que ça vienne de l’artiste ou que ça vienne d’un collectionneur… C’est quoi la différence?
Chris Hand: Moi je ne fais pas une différence entre une œuvre importante c’est juste une œuvre….
M Ah bien si c’est juste une œuvre, on la veut pas. Il faut que ça soit une œuvre quand même qui vaut la peine et on dit non très très souvent d’ailleurs, c’est pas un oui automatique et le système fait en sorte que nous on doit faire preuve à la Commission des biens culturels à Ottawa que c’est important pour nous d’avoir accepté ce don là.
Chris Hand: Ça c’est quelque chose que je comprends pour dire non à un artiste… je réalise que vous dites non probablement à 90% des artistes qui vous propose quelque chose.
Marc Mayer: Ah c’est pas vrai parce qu’il n’y a pas tant d’artistes qui nous propose des dons ….
Chris Hand: la réponse que je j’étais en train d’essayer de chercher (d’obtenir) concerne les collectionneurs…avec les collectionneurs est-ce que tu acceptes plus souvent des œuvres des collectionneurs parce qu’ils sont sur des boards of directors… est-ce que 90% sont acceptées?
Marc Mayer: ah je ne pourrais pas te le dire là je ne pense pas que… Ah tu penses que le collectionneur a de plus fortes chances que le Musée dise oui que si c’est un artiste qui nous le propose? Oui mais ça dépend de toutes sortes d’affaires nous… de toute façon faire preuve de l’importance de cette œuvre à la Commission des biens culturels dans les 2 cas et on doit regarder très bien est-ce que ici…est-ce que c’est important pour nous d’avoir cette œuvre? Est-ce que c’est quelqu’un qui nous donne des choses régulièrement, des choses extraordinaires et peut-être c’est quelque chose qui est pas le plus important tableau imaginable qu’on pourrait avoir mais c’est un bon tableau qui vaut la peine de dire oui bien écoute il ne faut pas être innocent là… non mais les artistes qui nous proposent des œuvres sont pas plusieurs il faut le dire ils préfèrent qu’on leur achète des œuvres ce qui est normal à mon avis, ils ne sont pas si nombreux que ça et ceux à qui on dit oui c’est parce que soit on les a exposés c’est des carrière qu’on suit qu’on estime beaucoup et que justement c’est une œuvre d’une période de leur carrière qu’on a pas dans la collection et qu’on pense que vraiment ça manque à notre collection parce qu’on veut être compréhensif aussi c’est-à-dire………. c’est quoi le mot que je cherche… on veut pouvoir justement… comme j’ai dit avant… on veut pouvoir raconter l’histoire de cette carrière du début à la fin pas la toute début là les œuvres d’enfance …non….
Chris Hand: C’est pas nécessaire d’aller au Subway pour manger ce soir
Marc Mayer: oui mais tu vas pas me répéter ça là. Chris l’autre fois avait proposé que les artistes devraient exposer dans les Subway on a dit non que c’est pas quelque chose…pas le métro là le restaurant où on vend des sandwich
Chris Hand: je suis très content qu’ici à Montréal ils exposent dans les Subway.
M oui
Chris Hand: mais de revenir sur quelque chose dont on a parlé il y a 2 semaines. Comment est-ce que je pourrais traduire « heritage speculation »?
M ah bien là « heritage speculation » la spéculation patrimoniale c’est ça là? bien c’est-à-dire? Pour la petite histoire, j’avais dit, je crois c’était lors d’un colloque à Québec de la SMQ la Société des musées québécois que nous en art contemporain on fait de la spéculation patrimoniale c’est-à-dire que nous croyons que les choix qu’on fait aujourd’hui pour notre collection sont des choix pour lesquels on va être remercié dans 20 ans parce qu’on spécule dans le sens que ça va être important, on croit que c’est important aujourd’hui on croit qua ça va être important dans 20 ans c’est quand même spéculatif, on peut pas le savoir si ça va être important…des fois c’est des carrière où finalement bon ça c’est éteint assez vite ils ont décidé de faire autre chose et finalement nous comme culture on est passé à autres choses on se retrouve avec ça dans les réserves pendant 50 ans il n’y a personne qui veut l’emprunter, on l’a jamais exposé bon on s’est un peu planté là
Chris Hand: dans ce cas vends-les
Marc Mayer: bien nous on ne fait pas ça. Par contre on a fait à Brooklin, on a fait ça plusieurs fois à Brooklin. On attend le décès de l’artiste normalement parce que c’est pas gentil.
Chris Hand: pour moi les spéculations patrimoniales… oui tu as choisis un artiste de mi-carrière ou de la relève et tu as décidé dès le début de la suivre
Marc Mayer: des fois c’est à la fin qu’on a réalisé en, c’est pas toujours au début des fois c’est au milieu des fois c’est à la fin des fois c’est pas du tout et c’est trop tard comme Jean-Michel Basquiat qui n’a jamais été acquis par un Musée de son vivant.
Chris Hand: je parle des artistes québécois.
Marc Mayer: oui pardon excuse-moi.
Chris Hand: et dans ce cas à partir du moment où les musées les collectionnent, pour le reste de leur carrière oui c’est possible de dire oui c’est pas une œuvre très très bonne, celle-ci est très très bonne….
Marc Mayer: non mais il y a des périodes dans les carrières d’artistes ça arrive souvent où pendant un bon 10-15 ans il se répétait, c’était pas tellement intéressant on dit « mais qu’est-ce qui arrive, il était tellement bon à 25 ans » ça arrive ça aussi c’est normal alors c’est pas la peine… parce qu’on a trouvé ça génial à 30 ans ça veut pas dire que c’est toujours extraordinaire à 50 ans et des fois c’est l’inverse des fois mon dieu qu’il se casse la tête longtemps lui pour avoir une carrière puis boum mon dieu c’est génial ça a valu la peine de se casser la tête cet artiste là il a abouti à quelque chose d’extraordinaire ou elle. Ça aussi il n’y a pas de formule en…
Chris Hand: alors je m’excuse mais je vais demander des noms d’artistes…
Marc Mayer: non je ne t’en donne pas
Chris Hand: parce que moi j’ai jamais vu quelqu’un tomber du canon
Marc Mayer: ah oui…
Chris Hand: ici au Québec?
Marc Mayer: Ah bien ça je pourrais pas vous le dire là.
Chris Hand: on parle du Québec.
Marc Mayer: Faut dire que moi j’ai quitté Montréal il y a 20 ans ça fait un an que je suis ici, je sais pas vraiment… je suis entouré d’experts en art québécois mais c’est pas moi l’expert en chef alors je pourrais pas te nommer un artiste qui s’est cassé la gueule à 40 ans d’ailleurs c’est pas gentil de la faire et je ne le ferai pas
Chris Hand: Fine. Pour passer à un autre thème déjà abordé: l’exportation et l’importation de l’art. Parce c’est une chose que moi vraiment je ne comprends pas. Votre idée est que l’art est pas exporté il est importé. Est-ce que tu peux me l’expliquer parce que c’est pas clair pour moi.
Marc Mayer: oui…. c’est-à-dire que ce n’est pas la même chose que du blé ou des chaises c’est pas un produit comme ça c’est un produit culturel et bon moi ma petite formule je le dis souvent l’art n’est jamais exporté il est toujours importé c’est-à-dire qu’il faut créer une demande à l’étranger pour ce qu’on fait ici mais la demande il faut qu’elle commence ici là il faut que les québécois se disent mon dieu qu’on est tellement satisfait par nos artistes c’est extraordinaire ce qui se passe ici, que les gens se tiraillent pour avoir les œuvres que le public fait la queue pendant des heures pour entrer au Musée pour voir la rétrospective des artistes d’ici…
Chris Hand: pour avoir un 5 à 7
Marc: on peut faire un semblant les gens attendent pour la bière dans la rue et nous on pensait que c’était pour l’expo. mais non, mais c’est ça et c’est très lié au phénomène marchand ça en, et c’est que faut dire que ça c’est un peu mon côté d’amertume d’avoir fait la promotion de l’art canadien à l’étranger pendant très longtemps et je me cassais la tête et je comprenais pas qui est-ce qui allait pas et tout d’un coup j’ai réalisé ce qui va pas c’est qu’il y a pas assez de buzz ici chez nous le buzz il faut que ça commence ici
Chris Hand: oui
Marc Mayer: nous on a tendance à penser c’est peut-être pas très bon si les étrangers aiment pas ça bien ça peut marcher dans le domaine de la chanson peut-être ou dans d’autres domaines mais dans le domaine des arts visuels nous les artistes soit ils quittent ou on crée leur célébrité chez nous et les autres vont peut-être y faire attention on peut pas exporter l’art comme on exporte du blé.
Chris Hand: non bon maintenant je comprends ce que vous dites quand c’est pas exportable, mais pour moi l’idée c’est de prendre une exposition qui a été faite ici et l’exporter ailleurs…
Marc Mayer: ben oui mais c’est la même chose on le connaît pas ton artiste Marc t’es bien gentil là mais j’ai pas de public pour ça là ..
Chris Hand: En Lithuanie….
Marc Mayer: toi t’as voulu prendre mon expo ben d’ailleurs on est…nous… ça marche assez bien je dois dire j’ai appris une bonne nouvelle on a organisé une exposition de notre collection c’était pas une exposition particulière on a déjà trouvé 11 points de chute au Canada.
Chris Hand: bon ok
Marc Mayer: C’est pas n’importe quoi le Canada même si on l’a pas vendu en Lithuanie mais est-ce que c’est intéressant pour toi d’aller exposer en Lithuanie?
Chris Hand: oui oui pour moi parce que pour moi l’idée c’est qu’un artiste spécialement un artiste encore vivant au milieu de sa carrière mais qui est arrêté par un glass ceilling d’être un artiste québécois, un artiste canadien, d’aller en Lithuanie, en Yougoslavie, au Brésil et revenir ici, il va revenir comme un roi, peut-être pas le roi mais un roi et dans ce cas c’est une méthode pour créer un buzz sur l’artiste.
Marc Mayer: t’es ben naïf toi !
Chris Hand: toujours
Marc Mayer: voyons donc ça se passe pas comme ça, c’est pas parce que quelqu’un a fait un tabac en Lithanie qu’on va commencer à s’intéresser à son travail à Montréal si on s’y intéressait pas avant
Chris Hand: non l’exposition est passée en Lithuanie et en Lithuanie elle a battu toutes sortes de records…
Marc Mayer: oui mais ça coûte cher envoyer des expositions la Lithuanie ne nous téléphone pas… nous envoie pas des courriels « envoyez-nous donc des propositions d’expositions » parce qu’ils savent qu’on va pas subventionner le transport de ces œuvres et les assurances et envoyer quelqu’un pour s’assurer qu’ils vont faire les choses correctement mais non c’est pas comme ça que ça marche là eux ils s’adressent à l’Allemagne qui est à côté mais pas au Canada nécessairement.
Chris Hand: bon pour moi si c’est pas la Lithuanie c’est une méthode de trouver une manière d’avoir l’assurance, le transport alors que…
Marc Mayer: c’est des choses qu’on fait, pas nous nécessairement, mais c’est des choses que les Gouvernements font et les agences gouvernementales de temps en temps
Chris Hand: quel Gouvernement?
Marc Mayer: le Gouvernement québécois le Gouvernement canadien
Chris Hand: non
Marc Mayer: oui ça existe c’est peut-être qu’on en fait moins mais je m’en souviens qu’on en faisait beaucoup de ça dans les années 70
Chris Hand: on n’est pas ici pour dire de mauvaises choses sur les Gouvernements…
Marc Mayer: moi ce qui me dérange là-dedans et quand je faisais mon travail à Paris de représenter les artistes canadiens à Paris c’est que de temps en temps bon c’était intéressant pour le Gouvernement qu’il y ait une exposition d’art canadien dans un pays quelconque et moi je disais pourquoi est-ce que c’est intéressant? c’est intéressant pour vous en tant que politicien? pour quelle partie de notre économie est-ce que c’est intéressant? dès que c’est pas intéressant pour l’artiste ou les artistes… si ces artistes-là ont pas vraiment un besoin brûlant d’exposer dans des circonstances comme ça c’est pas moi qui va tout… qui va m’exciter pour organiser ça là non les artistes ont leurs propres besoins leur propre intérêt d’exportation, excuse-moi parce que j’y crois pas là et d’être les danseuses des compagnies canadiennes ou d’être ..je sais pas moi ou de décorer une diplomatie canadienne c’est pas tellement intéressant que ça
Chris Hand: non mais ça leur seule chance maintenant c’est de décorer les ambassades canadiennes… pour moi c’est de prendre le musée, trouver….
Marc Mayer: mais tu vas bin loin pour aider le sort des artistes là toi là je trouve que c’est pas nécessaire d’aller si loin que ça et tu pousses toujours dans des petits racoins très bizarres de promotion je pense pas que ça va aider…
Chris Hand: pour moi la promotion c’est la promotion et ça marche dans le domaine des disques, ça marche dans le domaine du livre, ça marche dans les films…
Marc Mayer: bin là ça c’est encore une autre affaire: les disques, les livres, les poètes, les artistes c’est pas la même chose c’est des économies très différentes moi ce qui est important c’est que les gens connaissent… … d’abord le plus important de tout c’est que les québécois connaissent les artistes québécois ça d’abord c’est primordial et c’est pour ça qu’on existe…
Chris Hand: je pense que les gens connaissent les artistes québécois en arts visuels
Marc Mayer: non pas du tout, pas du tout voyons donc toi
Chris Hand: alors qu’on a 4 journaux ici à Montréal, 3 de ces journaux ont des critiques d’art sur leur staff et il y en a un qui a 2 critiques d’art sur leur staff dans ce cas…
Marc Mayer: là ça me dérange un peu que tu parles comme ça parce que tu sais très bien qu’il y a pas assez de visibilité de la scène des arts visuels à Montréal dans nos quotidiens excuse-moi là…
Chris Hand: je suis certain que…
Marc Mayer: j’ai vu des expositions extraordinaires depuis que je suis là que personne a mentionné parce qu’il y avait pas de place on leur donne la chance de parler de ci de ça c’est tout…
Chris Hand: je peux aller sur Ste-Catherine et demander à n’importe qui s’ils savent qui est Riopelle ils vont me dire oui
Marc Mayer: ben voyons il est mort Riopelle là c’est assez
Chris Hand: Hello, hello si j’allais à Toronto ils vont dire …qui?
Marc Mayer: C’est pas vrai ça, t’as pas choisi le bon artiste quand même ils vendent des Riopelle à Toronto, je vais en voir ce week end
Chris Hand: mais de demander à quelqu’un sur la rue, sur Ste-Catherine, n’importe qui va dire oui je connais Riopelle, je ne suis pas amateur de son œuvre mais je connais le nom
Marc Mayer: oui mais toi tu fais une spéculation de sondage là parce que tu le sais pas et je suis pas d’accord avec toi
Chris Hand: sur Queen street…. who? Non et ça c’est la chose. Ils le connaissent de la même façon que le monde ici connait Céline Dion. Je pense que probablement la plupart du monde ici dans la salle n’aime pas la musique de Céline Dion mais ils la connaissent. Les québécois sont très fiers de leurs artistes dans n’importe quel domaine culturel.
Marc Mayer: écoute la dernière fois t’as comparé Pascal Grandmaison à Britney Spears maintenant tu compares écoute…Riopelle à Céline Dion, il faut que tu arrêtes ça là.
Rires dans la salle
Chris Hand: c’est pas que j’ai fait une comparaison de Britney Spears et de Pascal Grandmaison c’est que la méthode de promotion est si…parce que Pascal Grandmaison est assez chanceux d’avoir quelqu’un qui peut faire sa promotion…
Marc Mayer: ça marche pas comme ça tu peux pas dire aux gens « écoute déniaise-toi donc Riopelle tu connais pas ça? » mais non c’est pas la même chose de dire « écoute cette musique là tu vas bien aimer la chanson de Céline » « ah! C’est vrai c’est beau » non ça prend tout un apprentissage l’art contemporain…
Chris Hand: non c’est une chose ça…
Marc Mayer: c’est pas vrai ça, ça prend un apprentissage, peut-être pas un apprentissage mais au moins ça prends un espèce de déclic mais ça arrive pas à tout le monde et ça arrive très … c’est très restreint c’est très petit. Mais ce que je crois fermement c’est que notre public virtuel est beaucoup plus grand que notre public actuel et que le marché de l’art virtuel pourrait être beaucoup beaucoup plus grand que celui qu’on connaît actuellement.
Chris Hand: pour moi c’est quand tu limites ton audience quand tu dis qu’il y a du monde qui ne sont pas intéressés; moi j’ai jamais dit ça pour moi il y a toujours la possibilité de les intéresser et si après avoir fait tout ce que je peux ils me disent « non je ne suis pas intéressé » dans ce cas ok j’ai fait tout ce que j’ai pu.
Marc Mayer: on a parlé de ça l’autre fois Chris, écoute il y a des gens qui pourraient très facilement être amateurs d’art c’est ces gens là que je m’en vais chercher c’est pas les gens…de me casser la tête sur les mêmes gens de dire… en vrac on va essayer de faire venir le plus de monde possible, on le fait une fois par année, 2 fois par année et ils viennent et il y a une petite proportion de ces gens là qui vont devenir peut-être des visiteurs assidus. On le fait ça alors on ne l’évite pas. Mais ce qui est plus intelligent pour moi je crois, c’est d’aller chercher les gens qui ne savent pas qui sont amateurs d’art contemporain parce qu’il leur manque 2-3 clous là pour comprendre que c’est tout aussi intéressant pour eux et ils ont la formation et ils ont toute la culture nécessaire pour apprécier ça. C’est c’est ces gens-là qu’il faut aller chercher
Chris Hand: sans faire une grande chose, comment tu peux les trouver?
Marc Mayer: ah bien là tu m’en poses une là…comment on…bien c’est-à-dire on essaie…on a des programmes d’éducation, les 5 à 7 c’est une très bonne idée, de pouvoir venir le soir, d’aller donner des conférences, de parler… Moi j’ai dit à mon conseil d’administration qu’il y avait une chose qu’on devrait faire c’est d’abord essayer de créer des amateurs d’art contemporain d’abord avant d’essayer de créer des amateurs du musée parce que c’est plus important et qu’est-ce que le musée peut faire lui…c’est une réflexion qu’on fait actuellement… qu’est-ce qu’on peut faire nous pour créer plus d’amateurs d’art contemporain à Montréal, qu’est-ce qui manque là… est-ce que c’est de l’information, est-ce que c’est des expériences, est-ce qu’il faut aller les chercher, est-ce qu’il faut aller chercher les enfants ce qui est de plus en plus dure de faire cette année…
Chris Hand: pas pour moi ces choses là…
Marc Mayer: …on pense à ça parce que le musée va…le succès du musée passe par le succès de l’art contemporain d’abord
Chris Hand: et pour moi il y a juste trop de barrières. Comme M. Brisebois a dit « réflexion et contemplation » c’est une grande église, il y a des gens qui ne sont pas des amateurs d’art ok il y a 80% de la population que…je m’en fous…de laisser tomber les barrières pour les…(?)
Marc Mayer: non mais Chris tu leur dis « viens, regarde, penses-y 2 minutes ça vaut la peine »
Chris Hand: exactement
Marc Mayer: bin c’est pas une barrière là de dire - viens et regarde
Chris Hand: le « viens » ça c’est la chose. De parler à du monde « viens » comment tu peux attirer le monde pour qu’ils se disent « oh ça va être assez intéressant pour moi d’essayer d’y aller » dans ce cas c’est pas….un cube blanc….???
Marc Mayer: on le fait on le fait mais on veut être un peu plus ciblé… la chose qui moi me tracasse c’est pourquoi les anglophones nous boudent là il y a seulement 15% de nos visiteurs assidus qui sont anglophones.
Chris Hand: mais il y a 15% de Montréal qui est anglophone
Marc Mayer: c’est-tu vrai ça? Je pense pas
Chris Hand: oui
Marc Mayer: c’est-tu vrai ? 15% de la population montréalaise est anglophone?
Chris Hand: 60%…..oui allophone, celle qui parle…
Marc Mayer: oui bin d’abord on va penser à ça mais… j’aimerais savoir est-ce que les gens…les amateurs d’art contemporain anglophones à Montréal viennent au musée?
Chris Hand: probablement pas, ils pensent que…
Marc Mayer: non il y a beaucoup d’anglophones qui viennent, il y a beaucoup d’anglophones ce soir, mais moi je crois qu’il n’y en a pas assez mais c’est parce que je croyais que la population était plus forte que 15% quand même.
Chris Hand: moi je pense que la population est à peu près de 15% d’anglophones et 15% d’allophones…
Marc Mayer: mais dans ce cas là on est content je vais arrêter de me casser la tête on va continuer à parler français ce soir
Chris Hand: Mais pour moi de faire tomber les barrières et…
Marc Mayer: mais quelles sont les barrières là de dire que c’est un lieu de contemplation un lieu de réflexion c’est pas une barrière là Chris… c’est pas toujours comme ça d’ailleurs
Chris Hand: moi je ne suis pas gêné de venir ici mais moi quand il y a du monde qui vient à ma galerie je leur parle, je leur dit « bonjour, es-ce que je peux vous offrir un café, un jus, une bière n’importe quoi » je suis la seule galerie ici à Montréal qui fait ça….
Marc Mayer: je suis désolé quand les gens viennent à l’accueil on a un accueil très accueillant, on répond à des questions, on leur fait des suggestions, on leur dit ce qui se passe là on bien aussi accueillant… quoi que c’est pas moi qui es à l’accueil c’est vrai
Chris Hand: c’est l’entrée avant l’accueil, c’est la porte, c’est….
Marc Mayer: ah eh bien là tu parles d’un problème grave qu’on a, un problème de visibilité dans la rue, architectural là, ça on cherche une solution mais on l’a pas
Chris Hand: si tu mets de grands headlines « naked women dancing at the museum » il y a du monde qui va entrer, il y a bien du monde qui va être déçu mais..
Rire dans l’assistance
Marc Mayer: on le fait ça mais on veut pas vraiment faire la promotion de ces événements là. Non écoute je veux mettre une enseigne qui dit Musée d’art contemporain dans des lettres pareil comme l’UQAM on parle dessus depuis des mois on cherche l’argent, on cherche la formule parfaite là pour que quand on passe ici on se pose pas de question on sait que c’est un Musée d’art contemporain il y a des lettres qui sont aussi grandes que mon corps sur le mur qui disent Musée d’art contemporain ça doit être un Musée d’art contemporain. Mais comme j’ai dit à mon Conseil d’administration ça c’est moins intéressant quand les gens savent pas ce que c’est comme cette famille que j’ai croisée là en arrivant qui a dit « c’est un Musée de cochonneries » un Musée d’art contemporain c’est forcément un musée de cochonneries c’est ça qui faut changer, faut savoir c’est quoi un Musée d’art contemporain c’est pas mal basic là on a du travail à faire là-dessus mais je trouve que c’est plus important et plus intelligent de faire le travail… de faire venir les gens qui risquent d’abord d’aimer ça parce qu’ils ne savent pas qu’ils sont amateurs d’art contemporains mais ils le sont mais ils ne le savent pas…
Chris Hand: je suis complètement d’accord avec ça mais avoir des gros headlines, n’importe quoi juste pour retenir l’attention du monde..
Marc Mayer: comme si on était un film là?
Chris Hand: oui exactement, comme un film, comme Céline Dion comme n’importe qui…
Marc Mayer: « INCROYABLE , ÉPOUVANTABLE, JE N’EN REVIENS PAS » Jérôme Delgado La Presse…. sur le mur comme ça !
Chris Hand: …bon ok il y a 2 micros et…j’arrête personne…..
Marc Mayer: . non mais vous avez un peu compris Chris croit qu’on devrait vendre l’art contemporain et vendre le musé pardon comme on vend des patates, comme on vend des films, comme on vend des danseuses sur la main…je suis pas d’accord avec ça là…
Chris Hand: c’est pourquoi tu es au Musée ah! ah!
Marc Mayer: c’est pas la raison que je suis là le Conseil d’administration me dit ah bien ça c’est un racoleux, aïe écoute faudrait qu’on lui donne la job parce que lui il va faire venir le monde comme un fou, il va mettre des headlines partout sur le musée mais non c’est pas ça là…
Chris Hand: t’as parlé du buzz et si c’est impossible d’avoir un buzz ici pour les artistes québécois c’est impossible de les envoyer….
Marc Mayer: oui, nous on peut participer à ça, je suis d’accord.
Chris Hand: faire un buzz peu importe comment et dans ce cas tout le reste va suivre et des gens qui ne savent pas qu’ils sont amateurs d’art vont venir ceux qui sont pas amateurs d’art ne vont pas lire les articles mais de créer un buzz qui serait nécessaire pour pousser les artistes québécois plus loin qu’ici…d’avoir ce musée-ci le plus top que tu peux faire dans ta carrière… it anoys the hell out of me…
Marc Mayer: what does?
Chris Hand: that this is the top you can get as a québécois artist
Marc Mayer: it does not anoy me moi je trouve ça génial que ce soit nous qui pouvons faire ça
Chris Hand: Hello
Marc Mayer: pourquoi? il faut avoir des lieux comme ça…………..
Chris Hand: c’est pas que je veux arrêter des lieux comme ça mais moi je me dis que les artistes québécois peuvent avoir une exposition au MOMA au TATE au L.A County Museum….
Marc Mayer: absolument mais il faut commencer….bon actuellement il y a 2 canadiens qui exposent à Londres il y a Jeff Wall qui est à la Tate Modern une exposition extraordinaire, énorme et il y a Rod Nigream (?) à la galerie Listen dont tout le monde me parle « t’aurais du voir ça mon dieu » mais non je ne vais pas à Londres à tous les week end.
Chris Hand: pas des québécois…..
Marc Mayer: mais malheureusement c’est pas comme ça que ça marche pour nous actuellement. Ça c’est une solu…Ça a pu marcher pour ces artistes là parce qu’il sont allés chercher…ils ont trouvé leur propre formule pour se trouver un public international, on la cherche toujours nous et comme je t’ai dit la dernière fois, je vais répéter, c’est pas ma responsabilité de faire la promotion de l’art québécois à l’étranger c’est ma responsabilité de faire la promotion de l’art québécois ici au Québec parce que c’est les québécois eux-mêmes par leur enthousiasme qui vont faire la promotion de leur propre culture à l’étranger.
Chris Hand: ok mais de créer un buzz ici c’est assez facile et pour moi ce n’est pas rocket science
Marc Mayer: je suis d’accord jusqu’à un certain point là si c’est si facile que ça dis-moi ce qu’on…parce que ça déjà c’est un commencement là et j’aimerais…ce n’est pas une excuse non plus…on a des priorités, une des choses que je crois qui nous manque absolument pour nous comme outil, c’est de montrer notre collection permanente de façon complète sur la place publique pour que les gens puissent se faire leur éducation en faisant un trajet, en marchant par des galeries et dire « Ah mon dieu j’ai vu 40 ans d’art à Montréal » et ce qui a intéressé les montréalais sur la scène internationale et je me sens assez avisé merci on peut pas faire ça éventuellement ça ça crée un buzz
Chris Hand: oui ça crée un buzz oui mais aussi avec Place à la magie, j’ai lu quelque part qu’une fois créé il devait rester tel quel pendant 3 ans.
Marc Mayer: non mais je pense que c’est même plus que ça parce que c’est un investissement du ministère, on l’a demandé et c’est une exposition qui a coûté cher à monter…vous avez vu les meubles là pour Borduas là ça vaut la peine de faire ça?
Chris Hand: est-ce que ça serait possible la prochaine fois que la collection permanente change et que ça reste pas comme un musée d’archéologie, je suis allé une fois, je suis allé 2 fois et pendant 3 ans…. change la collection si tu veux créer un buzz….
Marc Mayer: non mais on fait ça constamment dans cette partie là on l’a pas fait pour quelques années pour des raisons très importantes c’est-à-dire qu’il faut quand même avoir… donner un peu de place à la fondation de l’art contemporain, l’art moderne québécois. Et c’est ce qu’on a fait c’est un peu… malheureusement on a pas assez d’espace parce que nous notre public vient pour voir les nouveautés, les nouvelles expositions et de voir tourner les choses…mais on a pas assez de place pour faire déployer toute sa collection et d’être le queen stollak (??) qu’on a voulu qu’on devienne en même temps on se cherche une solution à ce problème là mais la solution va être justement un Musée d’archéologie je m’excuse mais je ne suis pas pour changer l’histoire de l’art québécois parce que toi tu trouves ça ennuyeux là j’espère que c’est pas ça que tu me dis
Chris Hand: non ce que je dis c’est d’avoir une exposition qui est permanente qui change pas. Mais moi de savoir que 90% de la collection du Musée n’est visible…..
Marc Mayer: plus de 98%
Chris Hand: dans ce cas, chaque année peut-être, je ne sais pas s’il y a une personne peut changer, chaque 6 mois, la collection permanente, Place à la magie alors que chaque 6 mois, chaque année….
Marc Mayer: On le fait plus souvent que ça tu vas voir on a 10% de nos œuvres sur papier qui sont au mur actuellement, on vient juste d’ouvrir cette exposition là et Place à la magie ça s’en va l’année prochaine et nous on va faire autre chose…
Chris Hand: I can’t wait
Marc Mayer: …d’ailleurs mais non je ne vais pas te le dire c’est une surprise qu’on va faire. On n’en parlera pas? Bon.
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